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Nouvelle-Aquitaine Des réorientations à la chaîne

Lidea, l'activité semences d'Euralis, espère trouver un repreneur pour les activités industrielles de son site de Caussade (Tarn-et-Garonne), dont elle a annoncé la fermeture en octobre dernier.

Les fermetures de sites viennent remodeler le paysage en Nouvelle-Aquitaine. Malgré tout, les investissements se poursuivent, pour préparer l’avenir.

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Les annonces de la fermeture de cinq sites coopératifs rendent l’année marquante. Ainsi, Delpeyrat, filiale de Maïsadour, cessera début 2025 la production de ses abattoirs à canards de Vic-Fezensac (Gers) et de Sèvremont (Vendée). Quatre autres sites, dans le giron d’Euralis, vont cesser leur activité dans les prochains mois : Lidea, activité semences de la coopérative, va stopper la partie industrielle du site de Caussade (Tarn-et-Garonne) et les sites de recherche de Cayrac (Tarn-et-Garonne) et de Réclainville (Eure-et-Loir), mettant notamment en avant le fait que « les surfaces cultivées en maïs ont connu une forte baisse en Europe occidentale » ; Euralis Gastronomie, pour sa part, baisse le rideau de l’usine Rougié à Sarlat-la-Canéda (Dordogne), spécialisée dans le foie gras.

Chez Lidea, 81 emplois sont concernés, 73 chez Euralis Gastronomie et 125 chez Delpeyrat. Comme le résumait Éric Humblot, directeur général du pôle gastronomie de Maïsadour, en avril 2024, il s’agit de « faire face à une surcapacité industrielle structurelle qui impacte nos résultats sur le long terme ». À la suite de trop nombreuses années de crise aviaire, « nous ne reviendrons jamais à nos niveaux de vente passés », regrettait-il.

Toujours au rayon volailles, Terres du Sud a acheté le couvoir et les fermes de pontes de volailles de chair d’Aviagen, à Tonneins (Lot-et-Garonne). Ainsi, la coopérative maîtrise l’ensemble de la chaîne. De son côté, Euralis confie désormais la collecte et la mise en marché de ses bovins à sa voisine Lur Berri.

Fusion Sèvre et Belle et CEA Loulay

Chez Océalia, la filiale vins et spiritueux Maison Ansac a fait face à d’importantes difficultés, avec à la clé un plan de licenciement économique ayant entraîné le départ de 16 collaborateurs sur les 46. Sur l’exercice 2023-2024, « seul le pôle Cognac a perdu de l’argent », souligne le DG, Mathieu Staub. Les activités agroalimentaires de la coopérative se portent par ailleurs bien, même si à l’été 2024, le site de production de pop-corn de Saint-Genis-de-Saintonge (Charente-Maritime) est parti en fumée.

En Poitou-Charentes, Sèvre et Belle et CEA Loulay ont voté un projet de fusion, qui donne naissance à Oxagri, pesant environ 80 M€ de CA et 200 000 t de collecte. Le projet n’est pas lié au contexte difficile de l’année, précise Matthieu Guiho, à la tête de Sèvre et Belle : « Il a maturé tranquillement. Dans un paysage agricole en pleine évolution, nos coopératives seront mieux armées pour répondre aux enjeux de demain. »

Des réorganisations qui poursuivent deux objectifs : répondre aux difficultés des adhérents… Et à celles des coopératives elles-mêmes. Euralis, ainsi, ne cache pas que « les éléments de contexte pénalisent [leurs] résultats économiques et augmentent l’endettement du groupe ». Le « contexte », au-delà de la guerre en Ukraine et des différentes crises sanitaires, est celui de moissons très décevantes. « En 2024, toutes les filières ont été impactées : grandes cultures, arboriculture, vigne… », observe Simon Aimar, directeur du Naca. Avec en conséquence des trésoreries en souffrance dans les fermes, et donc pour les distributeurs un gros point de vigilance sur le suivi des comptes clients et le recouvrement. COC, qui s’est doté d’une nouvelle identité à l’occasion de ses 30 ans, a voté la redistribution de 100 % du résultat net de la coopérative (1,1 M€) et de 40 % du résultat net du groupe (16,2 M€).

Des cultures de diversification

Le dérèglement climatique, prégnant ici, augmente la nécessité de résilience et donc de diversification des agriculteurs. « On voit une baisse de nos productions sur le long terme, avec des surfaces qui ne se développent pas et des rendements en recul », s’inquiète Philippe Sommer, délégué général de La Coopération agricole Nouvelle-Aquitaine, évoquant les travaux en cours sur des cultures de diversification. Les légumineuses, pour lesquelles le marché est dynamique, pourraient constituer une piste : Euralis, lié à Bonduelle depuis 2022, entend multiplier par 5 en trois ans ses surfaces et le nombre de ses producteurs. Maïsadour « teste depuis un an et demi la production de différentes cultures, comme les haricots secs blancs et rouges et leur adaptation à notre climat. » Plus au nord, Terre Atlantique réalise des essais depuis plusieurs années, notamment sur de la moutarde alimentaire et de l’angélique. Le président Jean-Yves Moizant soupire : « C’est compliqué. On ne peut toucher que de petites surfaces », avec des modèles économiques difficiles à trouver.

Des usines et des silos

Autant de choix qui nécessitent des investissements. Maïsadour planche, en partenariat avec Earthworm Foundation, sur la construction d’un programme d’agriculture régénératrice à l’échelle du groupe, en lien avec son projet stratégique « Ambition 2030 ». 4 000 ha ont déjà intégré en à peine un an la nouvelle offre de conseil Licorn, « le nec plus ultra de l’agriculture régénératrice pour le maïs », selon Jean-Louis Zwick, DG du pôle agricole. Dix mille hectares sont visés en 2025. En outre, 450 diagnostics carbone ont été réalisés en 2024. Soulignons également la baisse de 17 % des émissions de GES liées à l’énergie depuis 2021-2022. Chez Océalia, la première pierre d’une unité de trituration de soja, tournesol, et colza a été posée, pour une mise en service attendue en 2025, et la filiale Menguy’s, spécialiste des produits apéritifs et du beurre de cacahuète, projette la construction d’une nouvelle usine pour accompagner sa croissance.

Lur Berri, pour sa part, a mis l’accent sur ses silos. En effet, annonce Sylvain Guisse, directeur général délégué de la branche végétale, le groupe prévoit « un plan d’investissement de 3,2 M€ pour ses silos dans les trois prochaines années ». Outre des travaux, en passe d’être terminés, de mise aux normes sur la station de semences d’Aigrefeuille-d’Aunis (Charente-Maritime), Terre Atlantique a acheté à un producteur, à Marans, un site de collecte et d’appro. Côté négoces, SBM Agripartage (ex-Ets Gauthier), basé dans la Vienne, va ouvrir début 2025 un nouveau site à Saint-Benoît-du-Sault (Indre), et est aussi entré au capital d’Amaltis, distributeur d’engrais contrôlé par des négoces du Naca. Chez Beauchamp (Deux-Sèvres), quatre nouvelles cellules de stockage ont été mises en service en novembre, soit 5 600 t supplémentaires, venant compléter les 7 000 t déjà disponibles.

Sommaire

Le palmarès des coops et des négoces 2024

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